Notre première étape nous mène là où en cette période, la neige est reine.
L’attrape mercure accroché dans l’encablure de la porte annonce 17. Les degrés à l’intérieur du chalet en bois familial qui va nous servir de nid durant quelques jours montent doucement. L’excitation, elle, est montée en flèche. Au premier arrêt. Après tout juste quelques pas en son sein. Nyons nous a révélé un de ses bijoux… Son pont Roman. Inauguré en 1409, sa construction a duré presque 70 ans ! Mais le résultat est là. Une courbe majestueuse de 43 mètres d’ouverture pour une hauteur de 18 mètres.

Alors que nos regards sont fixés sur cette prouesse d’architecture, Gérard Vial nous accoste devant la devanture du magasin musée, Les vieux moulins. En cette période si particulière de crise sanitaire, l’homme à l’écharpe nouée autour du cou, se languit de rouvrir aux visiteurs un autre des bijoux de Nyons. Car son musée, dont-il a acquis le fond il y a maintenant six ans, renferme quelques pépites. Comme le plus vieux moulin à huile de Nyons, construit en 1780.

Le produit star de cette ville de la Drôme c’est bien l’olive noire et son huile protégées par une appellation d’origine contrôlée (AOC) depuis 1994. Qu’est-ce qu’elle a de particulier ? « C’est la meilleure olive du monde », lance Gérard, reconnaissant une pointe de chauvinisme. « On a attaqué les récoltes d’ailleurs, sûrement jusqu’en mars. » La particularité de cette perle noire ? Après avoir bruni au soleil provençal, le froid fait son oeuvre et flétrit légèrement sa peau. « Ce qui enlève de l’amertume et rend son huile plus douce. »

Lieu : Gap. Amour secret : Florence. Sosie : Mordor.
En terres noires de la vallée de la Durance, la douceur se mélange à l’âpreté de certains paysages. Après avoir enlacé les courbes de l’Eygues dans les gorges de Saint-May (surplombées par le joli village du même nom), nous avalons l’asphalte accompagnés sur nos flancs de nombreuses « roubines »* sombres qui nous laisseraient penser que notre arrivée dans le Mordor* est proche. Mais c’est bien vers Gap, préfecture des Hautes-Alpes que nous nous dirigeons. Là, c’est une lointaine cousine – quoique l’Italie n’est pas loin – du Duomo de Florence qui nous sert de voisine, le temps de la pause déjeuner. La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Arnoux lui emprunte ce strie de marbre noir et blanc, mais aussi rosé.
Après l’achat de quelques spécialités locales (ravioles, tourtons…), il est temps de se diriger vers notre étape finale de cette première journée : Briançon, ou plus précisément, Saint-Chaffrey. Sur le chemin, le lac de Serre-Ponçon créé artificiellement en 1959, se dresse. Sa création avait impliqué la destruction de deux villages, Savines et Ubaye, qui au contraire du premier n’a pas été reconstruit. Cette fin de trajet, c’est surtout l’occasion de goûter à ce dépaysement total que procure l’apparition de la neige. Ce manteau blanc féérique s’allie à un soleil couchant pour nous décrocher un sourire de satisfaction. Un sourire qui nous fait déjà dire comme Hans Christian Andersen avant nous : « Voyager c’est vivre ».
*Roubine est un terme géologique désignant les strates recouvrant les couches antiques. Ces strates sont aussi appelées terres noires.
*Mordor, référence à une région dans l’oeuvre de fiction Le Seigneur des anneaux.
Bravo les journalistes !! Nous avons déjà envie de vous suivre !! Et profitez de la chance que vous avez!!…. J’entends déjà rugir le moteur d’Alfonce !!!..
A bientôt le plaisir de vous lire!!
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