Sans les skieurs, le Briançonnais enneigé ne revêt pas le même visage. Les hommes se font plus rares. La nature, elle, ne cesse d’être belle.
Mes après-skis taille 38 s’embourbent dans la poudreuse. La Guisane ruisselle à nos côtés. Des baies rouges saupoudrées de neige pendent en grappes de quelques arbres. Oh, quelque chose a bougé. Le bois et la pierre des chalets au loin annoncent notre entrée dans la commune de Serre Chevalier. Nous quittons la forêt blanche pour retrouver la civilisation.




Nos chaussettes sont humidifiées par les infiltrations de neige. Fascinés par la piste Luc Alphand qui coule jusqu’au bas de la station de ski, nous faisons un arrêt silencieux. L’émerveillement laisse place à la désolation. Pas de crissement de skis. Les mordus de glisse ont été effacés du décor. Les oeufs rouge vif et les télésièges sont immobiles. La neige est là et recouvre les décorations de Noël. Quelques badauds grignotent des plats à emporter ou des sandwichs du boulanger. Devant le tabac presse, entre les marmottes en peluche et les cannes en bois sculptées, une pile de journaux quotidiens locaux. En gros titre : Le bureau de poste de Saint-Chaffrey est menacé.
Visière en plastique blanc vissée sur la tête, une vieille dame fait les cent pas devant son chalet. Un peu de fumée s’échappe des maisonnées. Pas un chat à Saint-Chaffrey. Tout près du bureau de poste, la seule épicerie du coin rouvrira à 16 h.
Rues désertes, jardin glacé, fromage et confiture
La montée est physique jusqu’à la Grande Rue de Briançon. La Gargouille est son surnom local. Un petit canal divise le pavé de pierre en deux. Il a été construit en 1345 pour alimenter les jardins des maisons, lutter contre les incendies. Cette cité Vauban fortifiée domine la ville. La ruelle pentue fourmille à la haute saison. Là, elle est déserte. Un restaurant fermé, un commerce à vendre, puis, enfin, la lumière d’une pâtisserie ou d’un magasin de décorations en bois.

Plus bas, le parc de la Schappe est une immense patinoire. Amusant pour les adeptes. Glissant pour les autres. Le lac est gelé. L’illustre cabane de bois de mon enfance est toujours là. Et ses murs largement tagués. Le nez picote. Le froid s’ajoute à un sentiment de désertion de la ville.

Retour à Saint-Chaffrey, quelques kilomètres plus loin. Un jeune homme a déposé ses sacs de fruits et légumes en papier kraft sur le comptoir de l’épicier. Une trancheuse à jambon trône. La famille Puy, propriétaire, est connue dans le coin. « On ne propose que des produits locaux », assure Josette. Elle et André, son mari, ont laissé la place à leur fils Olivier. Cette histoire familiale vous sera contée un peu plus tard. Notre petit bout de bleu de Queyras et notre tarte à la confiture en main, nous rejoignons notre abris de bois.

Merci pour cette balade enneigée et sereine 🙂
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Super, ce récit, ces belles photos…. cette poésie aussi; Merci pour ce voyage .
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