Récit n°39 – Sur deux roues, tout roule

Une invention fabuleuse du 19e siècle peuple les villes de grande taille. Grâce à elle, nous avons sillonné Strasbourg.

Une assise nommée selle, des pédales qui entraînent une première roue dans la danse, et elle-même qui entraîne l’autre dans le même mouvement circulaire. Un guidon pour poser nos mains, nous voilà sur ce que l’on appelle aujourd’hui communément un vélo. Nous ne sommes plus surpris de découvrir la location de ces engins écologiques dans toutes les villes d’une certaine taille. Nous avons donc suivi cet élan. Clopin-clopant, gourde à la main, nous avons rejoint une station pour décrocher un vélo chacun. Réglage de la selle. Nous pédalons le long de l’Ill.

Premier coup de frein. L’église protestante Saint-Paul, posée sur le bout de l’île de Sainte-Hélène. On se tourne, le soleil se reflète sur la rivière. On ferme les yeux, notre visage est réchauffé par les rayons. En selle, direction place de la République. A la croisée des trams, nous apercevons la préfecture, la bibliothèque. On roule le long de la verdure, dans le parc. Nous observons le silence face à un mémorial en hommage aux victimes des attentats de 2018. 

Pédaler dans le sens de l’histoire

Vivant. C’est le sentiment que l’on a lorsque le vent glisse sur nos joues, que la neige se pose sur nos cheveux, que nos doigts se gèlent. Celui d’être vivants. Comme Yves et ses copains :

On se sentait pousser des ailes
A bicyclette

La balade à vélo est différente. Il est moins facile de se perdre dans des petites ruelles. Il faut attacher notre deux roues lors de chaque visite. Mais nous sommes plus rapides, le regard que nous posons sur la ville est autre. On ne s’entend pas plus que d’habitude, lorsque nous marchons côte à côte, le masque collé sur la bouche. Mais nous rions, sourions. Un plaisir donc. Nous retournerons dans la ville alsacienne à pied, pour un autre ressenti. 

Elle est partie en fumée, l’ancienne synagogue consistoriale du quai Kléber. A vitesse contrôlée, nous arrivons à lire les panneaux accrochés au niveau de ce qui était son emplacement. Déjà pillée, un certain 30 septembre 1940, un commando des Jeunesses hitlériennes l’achève. Ils l’incendient. On roule, on voit l’histoire défiler.

La petite France et ses chemins pavés nous font trembloter. Place Gutenberg, nous l’apercevons. Si haute, elle nous coupe la voix. La cathédrale Notre-Dame. La stupéfaction continue à l’intérieur. Fascinés face à l’horloge astronomique. Julien glisse une pièce dans la machine, un médaillon doré avec le monument gravé tombe. A la sortie, nos selles sont mouillées par les flocons. Nous rentrons. Les deux roues se reposent. Oranges et spätzle sous le bras, nous rejoignons nos appartements. Tout roule.

L’impressionnante cathédrale Notre-Dame. Inès Soto.

@inessotopro

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