Ce jeudi nous quitterons la Lorraine. Mais difficile de partir sans se remémorer. Difficile d’éviter Verdun. Y a-t-il une commune plus symbolique dans notre histoire française contemporaine ?
Une lourdeur apparaît dans le bas de mon estomac. Au fur et à mesure que le paysage se bosselle, celle-ci grandit. Soudain, il surgit. Transperçant les nuages. Tel un phare dans la nuit. L’ossuaire de Douaumont.

Ici les lieux d’horreur ont laissé place aux lieux de symbole. Face à nous les éléments se déchaînent. Pluie de grêle. Rafales de vent. Puis un rayon de soleil. La vue est dégagée. Le drapeau tricolore flotte au milieu de l’horizon. D’un côté des nuages noirs. De l’autre, la lumière. Nous baissons les yeux. 15 000 tombes blanches nous submergent.


Main dans la main
1984. Sous une pluie fine, le président de la République, François Mitterrand vient commémorer le 70e anniversaire de la bataille de Verdun. Cérémonie durant laquelle il saisira la main du chancelier allemand Helmut Kohl. Un symbole, encore aujourd’hui, de la réconciliation franco-allemande.
Verdun. La bataille de Verdun. Quel citoyen français n’a pas une image en tête lors de son évocation. C’était notre première fois en Lorraine. Devant le village détruit de Douaumont. Devant l’improbable paysage, à la fois verdoyant et terrifiant (plus de 50 millions d’obus ont été tirés, un quart n’aurait pas explosé) ma partenaire me souffle : « C’est important de voir ça… Tout le monde devrait venir au moins une fois dans sa vie. »

La bataille de Verdun en chiffres
10 mois. C’est la durée de la bataille. L’une des plus sanglantes de l’histoire avec celle de Stalingrad, en 1942. Elle va durer du 21 février au 19 décembre 1916.
700 000 victimes. 160 000 morts du côté français, 140 000 chez les Allemands. À ces pertes s’ajoutent environ 400 000 blessés. Plus de cent ans plus tard, on retrouve régulièrement des ossements d’anciens soldats.
50 millions d’obus. Un déluge de feu s’abat sur la région pendant des mois, laissant des cicatrices encore visibles sur le terrain – un million d’obus sont ainsi tirés le premier jour de l’offensive. On sent parfois la terre trembler plus de 100 kilomètres à la ronde. Un quart des munitions n’aurait pas explosé pendant la bataille.
6 villages martyrs. Bezonvaux, Fleury devant Douaumont, Beaumont en Verdunois, Cumières le Mort Homme… Dans la région des combats, une dizaine de bourgs ont été anéantis par les bombardements. Six villages furent carrément rayés de la carte et jamais reconstruits. Officiellement déclarés « morts pour la France », ils restent administrés par des maires nommés par le préfet de la Meuse. Au nom du souvenir.
Quel bel article touchant, émouvant !!!
Et…quelle est l’utilité de ces guerres monstrueuses et meurtrières ?
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Les larmes aux yeux…
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