La guerre a laissé des traces dans les champs. Mais aussi dans les mémoires. Et s’il faut préserver le souvenir, il faut également faire place à la vie.
Longer les cimetières de la Première Guerre mondiale fut particulier. Une croix blanche pour un soldat mort. Puis nous avons rejoint Verdun pour la nuit. La soirée fut douce, et l’échange avec notre hôte Anne agréable. Autour d’un verre, réchauffés par la cheminée, elle nous a conté sa ville natale. « Ce n’était pas évident quand j’étais enfant. On ressentait le poids de la guerre. » Elle qui a finalement retrouvé Verdun pour s’y installer reconnaît qu’il y a eu une évolution, « notamment avec la création du Centre mondial de la paix ». Verdun s’est autoproclamée capitale de la paix en 1966. Passer de la guerre à la paix a redonné du souffle à la population.


1994. C’est l’ancien palais épiscopal qui accueille en ses murs le Centre mondial de la paix. Nous pénétrons dans sa cour. Nous pouvons apercevoir la cathédrale Notre-Dame. L’extérieur ne laisse pas soupçonner la beauté de son intérieur. Un baldaquin fait de marbre, de stuc, de bois doré et de ferronnerie, est installé au croisement du transept et du choeur. Mais aussi la crypte datant du XIIe siècle. Le cloître attenant. Sublime.





Des marches sacrées. Nous descendons le Monument à la victoire et aux soldats de Verdun. Il est en plein centre ville. La cathédrale le domine un peu plus haut. « Il ne faut pas y toucher. » Anne se souvient d’un épisode alors qu’elle était collégienne. « Nous avions écrit des poèmes à la craie sur les marches. La police était venue. Les gens avaient trouvé cela déplacé. »


« On ramassait des bouts d’obus »
Verdun est traversée par la Meuse. Harmonieusement, ses quais sont aménagés. Les locaux nous l’assurent : « L’été c’est dynamique. Il y a souvent des concerts, c’est très agréable. » Et même si les touristes qui se rendent à Verdun sont souvent intéressés par les faits d’histoire, ils drainent aussi un certain dynamisme dans la commune. Un engagement culturel, une ambiance qu’apprécie notre hôte. Elle qui enfant ramassait des bouts d’obus dans les forêts. Et en faisait la collection comme ses camarades.
Une vie atypique est menée par les verdunois. Principalement due à leur environnement, aux marques laissées par la guerre. Ce qui confère à ce territoire quelques particularités. Des villes sans habitants. Comme Douaumont. Après leur destruction en 14-18, elles n’ont pas été effacées de la carte. Et un maire est même encore nommé. Malgré tout, la vie continue. Sans pour autant effacer les traces d’un lourd passé. Mais après les obus vient la paix. Verdun en est la preuve.