Nanterre, pont Saint-Michel, Aubervilliers. En ces lieux se trouvent des hommages au massacre du 17 octobre 1961, où des Algériens ont trouvé la mort. Connaissez-vous cette histoire ?
« 17 ensemble. » Un visage attire mon regard à notre arrivée à Aubervilliers. Le portrait d’une jeune femme est entouré d’un bleu vif, de jaune. La fresque est signée Joachim Romain et Eric Vinson. En lettres capitales noires, je lis de l’autre côté du canal Saint-Denis : « Par milliers, les Algériens ont manifesté hier dans Paris. » Immédiatement je repense à ce fait de notre histoire, que j’ai découvert quelques années plus tôt sur les bancs de la faculté.

17 octobre 1961. Des milliers d’Algériens manifestent à Paris contre le couvre feu qui leur est imposé, à l’appel du FLN (Le Front de libération nationale est un parti politique algérien créé en 1954 pour obtenir de la France l’indépendance de l’Algérie). Ces hommes et ces femmes manifestent ce jour-là pacifiquement pour leur liberté, sans armes. La police, elle, utilise la violence. Nul ne sait précisément combien de manifestants ont perdu la vie. Entre 30 et 200, diverses hypothèses existent.
Aux yeux de tous
Dans le secret, sans être déclaré, le rassemblement s’opère. Les forces de l’ordre sont déchaînées par des attentats récemment perpétués par le FLN à leur encontre. Des centaines de blessés, des corps retrouvés dans la Seine, des violences qui continuent dans les centres d’internement durant la nuit. Et surtout, le silence. L’évènement est occulté, caché sous le tapis.
La reconnaissance du massacre se fait désirer. Plusieurs événements et personnes contribuent à cette mise en lumière. Notamment le procès de Maurice Papon (préfet de police à l’époque des faits), pour complicité de crimes contre l’humanité en tant que secrétaire général de la préfecture de la Gironde pendant l’Occupation, qui a contribué à l’ouverture du dossier.
2012. François Hollande, président, choisit ses mots pour reconnaître la tragédie dans un communiqué de presse. « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. »
Aux yeux de tous, une stèle est installée à l’angle du pont Saint-Michel. A travers la découpe de personnages, la Seine coule. Comme le sang ce soir-là. Aux yeux de tous, la fresque d’Aubervilliers cherche notre regard. Dans les Hauts-de-Seine, à Nanterre, il faut lever les yeux pour observer un panneau indiquant « boulevard du 17-Octobre ». L’événement reste malgré tout méconnu. Plus question, pourtant, de fermer les yeux.
Et qu’on ne me demande pas pourquoi j’ai parfois honte d’être français…
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Ne pas oublier ces terribles événements, c’est le devoir de mémoire.
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