Souvent en clos (entre 4 murs), parfois en monopole (un seul producteur pour la parcelle), très fragmenté. Le vignoble de Bourgogne est atypique. Pour nous en parler nous avons rencontré Delphine et William Whitehead, du domaine Michel Rebourgeon.
« En Bourgogne, quand on parle d’un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre », déclarait Bernard Pivot, président du comité de soutien pour l’inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Pour parler de William Whitehead, on les lèvera tout de même un coup. Le grand gaillard de 22 ans au visage encore poupon connait son vignoble sur le bout des ongles. Et pour cause, « depuis mes 5 ans je suis dans les vignes », indique-t-il.
Les vins de Bourgogne c’est quoi ?
Chaque région viticole en France a sa propre classification de vin. En Bourgogne, la notion de terroir est très importante puisque c’est le sol qui donne son nom au vin (en Alsace, c’est le cépage, dans le Bordelais, c’est le domaine…). Le terroir viticole en Bourgogne est également dénommé « climat ». Il s’agit d’une parcelle de vigne, soigneusement délimitée et nommée depuis des siècles, qui possède son histoire et bénéficie de conditions géologiques et climatiques particulières.
Il existe 4 appellations différentes en Bourgogne.
– Les vins de Bourgogne (appellation régionale) où sur la bouteille figure le mot « Bourgogne » (exemple : Bourgogne aligoté).
– Les villages (appellation communale). Il existe 44 appellations communales en Bourgogne. Le vin porte alors le nom du village dans l’aire duquel il est produit (exemple : Pommard).
– Les premiers crus. Dans une aire d’appellation communale, des parcelles que l’on appelle aussi climats, ont été déterminées et classées premiers crus, notamment au regard de la constance de leur qualité (exemple : la parcelle « les Marconnets », située sur l’aire d’appellation de Beaune est classée 1er cru).
– Les grands crus représentent « l’élite » des vins de Bourgogne. Ils sont produits sur les parcelles les plus réputées. La Romanée-Conti est certainement la plus connue des appellations grands crus de Bourgogne. Seuls quelques privilégiés peuvent en acquérir car la production moyenne n’est que de 5 980 bouteilles par an.
Après un bac technologique, William part réaliser un séjour en Australie, pour observer une vinification différente. « J’ai toujours voulu faire ça », lance le jeune homme, désormais co-gérant du domaine Michel Rebourgeon. Sa maman, Delphine, est à ses côtés. Rebourgeon devenue Whitehead, elle explique.
« Notre domaine est très ancien. On dit qu’il remonterait à 1540. Il provient plus récemment de ma grand-mère qui s’appelait Marie Bourgogne. Elle a épousé Emile Claude Rebourgeon, d’où notre nom aujourd’hui. Ils ont eu deux garçons, Henry et Michel, les deux sont devenus vignerons et se sont établis à Pommard. Michel a repris une partie de l’exploitation en 1964. »



Delphine, au départ pas forcément destinée à reprendre l’affaire familiale, va faire la rencontre d’un marchand de vins près de Manchester, alors qu’elle réalise un stage pour son école de commerce, Steve Whitehead. Un mariage plus tard, le couple revient à Pommard, en Bourgogne, et reprend le domaine en 1995.
Un domaine à la croisée des chemins
« On est un petit domaine, d’un peu plus de 4ha. On exploite sur les communes de Volnay, Pommard et Beaune. Essentiellement des rouges, 95% de pinot noir », explique William qui a la chance de trouver des oreilles attentives à ses nouvelles idées.
Le domaine qui produit 20 000 bouteilles par an a entamé sa conversion en bio. « Avant ça on travaillait déjà tous nos sols. Le climat qui change nous a poussé à aller encore plus dans ce sens. Car on a moins besoin de traiter. »
Hospices de Beaune, une vente aux enchères mais pas que…
« Chaque vigneron s’occupe de 2ha de vignes jusqu’aux vendanges, ils livrent ensuite les raisins aux hospices. Normalement la vente a lieu le 3e week-end de novembre. Cette année avec le Covid, elle a été repoussée à début décembre. Durant l’événement, Beaune est vraiment en fête. Au palais des congrès, il y a une grande dégustation des vins de l’année. Côte de Beaune, côte de nuit, côte chalonnaise, toute la Bourgogne est là. »
Cette démarche, plus proche de l’environnement, n’est pas isolée en Bourgogne. « Il y a pas mal de jeunes qui commencent à reprendre les exploitations », lance Delphine. « Oui, il y a un nouvel élan, des nouvelles idées », renchérit William.
La clientèle du domaine est basée sur les particuliers, avec aussi un peu d’export (Australie, Canada, Angleterre…). Le fruit des 22 parcelles travaillées ne se retrouve pas en grande surface. William et les siens préférant le contact direct avec le client, dans leur cave de Pommard.
De quoi voir l’avenir sereinement, d’autant que le domaine est entre de bonnes mains avec le passionné William. « Il y a le travail à la vigne, le travail à la cave, le commerce. On est là de A à Z. Ces trois facettes du métier me plaisent beaucoup. »
Encore un article très intéressant qui nous éclaire sur cette partie de notre vignoble français 👏
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Et qu’il est bon ce Pommard!👍
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Merci pour cet article riche en précision sur les vins de Bourgogne … si bons …
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