Ces derniers jours nous avons arpenté les rues de deux villes bien différentes. D’un côté Le Havre. De l’autre Rouen.
Je me rappelle encore notre discussion avant d’y arriver, Inès et moi. « Bon on va au Havre, ça ne s’annonce pas folichon. » Un a priori dicté par un fait. Le Havre d’époque n’est quasi plus. La ville portuaire a été détruite à plus de 80% durant la Seconde Guerre mondiale (la faute à des salves de bombardements britanniques qui, pompon sur la Garonne, auraient pu être évités selon les historiens). Mais comme dans les relations humaines, juger avant de connaitre, attendre avant de recevoir, tout cela ne mène qu’à la tromperie.
Église Saint-Joseph. En apparence un immense phare de béton qui culmine à 107 mètres de haut. « Immonde », s’esclaffe ma partenaire. Nous traversons la rue et entrons dans l’édifice. Bouches bées. Voilà comment nous sommes. L’air hagard nous restons de longues minutes subjugués par le spectacle, par l’atmosphère. J’ai comme l’impression d’être entré dans un décor de 2001 l’odyssée de l’espace. Face et au dessus de moi une mosaïque de vitraux aux 50 nuances de couleurs, qu’aucune photo, qu’aucune vidéo ne permettraient d’en retranscrire la beauté.


C’est ça Le Havre. Malgré la reconstruction très linéaire dans son plan urbain. Malgré le béton armé, matière fétiche de l’architecte en chef Auguste Perret. Il se dégage de la ville la plus peuplée de Normandie, une atmosphère particulière, presque envoutante.
Bac et boucles
Un sourire benêt de satisfaction. Voilà ce que tu m’as laissé. Avec tes courbes généreuses. Ton vécu séculaire. Tes abords chaleureux. Tes compagnons tous mignons. Oui c’est bien de toi que je parle, campagne de Seine-Maritime. Le long de la Seine, j’ai pris un de tes bacs. J’ai reluqué tes abbayes monumentales. J’ai observé tes valons, tes saules et tes prairies. J’ai écouté le chant de tes oiseaux mêlé aux hennissements des chevaux, aux bêlements des agneaux. Mais jamais je ne me suis lassé. Et promis je reviendrais t’arpenter.
Exit le béton. Certes il en reste. Mais à Rouen, le pan est de retour sur le devant. De cette ville j’attendais beaucoup. On me l’avait vendue comme chargée d’histoire, au centre-ville charmant. Et je ne peux pas dire qu’on m’avait menti. Même si depuis hier un nouveau confinement te calfeutre. Tu apparais endormie ce dimanche matin. Jusqu’à Saint-Marc. Ton fameux marché, où la vie renaît. Plats asiatiques d’un côté, brocantes au fond, et boudin au calva de l’autre. Nous y reviendrons, à tes oignons.
Mais où en étais-je ? Ah oui les pans. J’ai l’impression de me retrouver de nouveau à Troyes. Les maisons à colombages sont multiples dans le vieux centre. Couleurs pastels, petits détails dans l’encablure de la porte. Marcher quelques jours ne suffira pas pour découvrir la richesse profonde de la ville des ducs Normands.

Mais me revoilà de nouveau face au Gros Horloge. Un monument que je trouve unique en son genre. « Pourtant il en existerait une autre dans la ville, qu’on surnomme la petite », nous glisse Sandra, notre hôte. L’après-midi sera consacrée à la recherche de cette dernière. Malheureusement impossible de l’apercevoir, puisqu’elle est cachée dans une cour privée. Vous auriez dû nous y voir, à zieuter par l’interstice de la boîte aux lettres.