Encore des ruines, encore un château. Mais cette histoire est croustillante, elle parle d’un duc Normand intimement lié au côté obscur de l’univers.
Au dessus de la Seine, alors que nous plongions vers La Bouille, des ruines nous firent piler sec. Le château de Robert le Diable, ainsi est nommée cette épave de pierres. Au Moyen Âge la bâtisse était l’un des maillons d’une ceinture de forteresses qui protégeaient Rouen. Et des démolitions, elle en a connu. Venez donc, je vous emmène au milieu de ce site historique où se mêlent guerres de pouvoir et légendes.
Mais qui donc a construit le château de Moulineaux (de son vrai nom) ? Mystère. Il sort de terre entre le XIe et XIIe siècle, probablement bâti par un duc de Normandie. Un ancien camp romain fortifié devait s’y trouver à l’origine. Sa position est stratégique, au dessus d’une colline, dominant le fleuve.
Robert. Ce nom semble appartenir au duc créateur. Mais Robert comment ? Voici quelques versions proposées par les historiens. Le duc Rollon, seigneur viking, baptisé sous le nom de Robert ; Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant ; Robert Courtheuse, fils de Guillaume. Et le surnom Diable alors ? Le duc devait être sanguinaire.
Le fils du diable mange avec les chiens
Ce Robert serait en réalité, selon la légende locale, venu au monde grâce au Diable. L’épouse d’un duc de Normandie ne pouvant enfanter (désastre à l’époque), l’esprit du mal est appelé en renfort. Et grâce à son intervention diabolique va naître un petit Robert. L’enfant est coléreux, méchant comme son « père ». Chevalier, il dirige une bande de truands et terrorise les campagnards normands. Qui le surnomment « le Diable ».
Le fils du diable n’est pas un mauvais bougre. Et la découverte de son paternel l’affecte profondément. Le chevalier se rend alors à Rome, rencontre le pape qui l’envoie consulter un ermite pour expier ses méfaits. Trois conditions lui sont imposées pour se faire pardonner : devenir un bouffon, rester muet et n’avaler que la nourriture qu’il pourra dérober aux chiens.
Exemplaire, c’est ainsi que devient notre cher Robert. Il livre une lutte acharnée aux brigands et se voit même proposer la main de la fille du roi pour sa bravoure. Que nenni, il préfèrera la solitude et le retrait avant de mourir. Une vie pleine de charme somme toute.
De la guerre au minigolf
De mains en mains, le château est restauré, abandonné. Richard Coeur de Lion, duc de Normandie de 1189 à 1199, y fait faire de nombreux ouvrages. Philippe Auguste l’a fait remettre en état lui aussi. En 1418, le château est détruit par les Rouennais pour éviter qu’il ne tombe entre les mains des Anglais. La ruine est délaissée à partir du XVe siècle, avant d’être fréquentée par des artistes peintres. Des combats contre les Prussiens viennent achever les ruines.
Son propriétaire Oscar Cosserat décide en 1903 de relever ces ruines à l’aide de l’architecte rouennais Lucien Lefort. C’était sans compter sur les ravages de la Seconde Guerre mondiale. Finalement l’apaisement viendra, et c’est un journaliste local nommé Roger Parment qui décidera d’en faire un lieu de visite ouvert en 1954. Un musée historique, une buvette s’y nichent. Ainsi qu’un minigolf.
Très intéressant ce récit légendaire sur Robert le diable ….
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