Nous voilà dans le Calvados. Terre de stations balnéaires. Terre de gastronomie. Terre de cinéma.
« Arrière les Esquimaux ! Je rentre seul. Un matador rentre toujours seul ! Plus il est grand, plus il est seul. Je vous laisse à vos banquises, à vos igloos, à vos pingouins. ¡ Por favor Señora ! À quelle heure le train pour Madrid ? » Jean-Paul Belmondo à la réplique. Derrière ce texte, une adaptation signée Michel Audiard, dialoguiste de génie. Nous sommes à Villerville, nous sommes sur les lieux d’Un singe en hiver.
Nous nous posons paisiblement sur un banc. Au guettoir. Le soleil chauffe notre peau, si bien que, paupières closes nous apercevons nos vaisseaux. Mon acolyte fatigue. La voilà qui plus est bercée par le bruit des vagues qui ricochent non loin de là.
Un petit panneau de photos nous indique que c’est ici qu’une scène du film a été tournée. Si le banc à disparu, les marches de l’escalier qui mène à la plage sont toujours là. Je me prête au jeu tel un enfant. « Vas-y prends moi en photo. » J’essaye le temps d’un instant, d’imiter Bébel.


Rencontre de légende
Rue Foch. Le cabaret normand. Pour danser il faut être deux. Belmondo, l’artiste phare de la nouvelle vague rencontre ici – et pour la seule et unique fois – le monstre sacré Jean Gabin, à l’occasion du film d’Henri Verneuil.
Morue et ministère
Un singe en hiver c’est un film tourné en 1962 mais aussi des anecdotes. Originellement, le producteur souhaitait tourner un film tiré du roman de Roger Vercel, Au large de l’Eden. Le producteur Jacques Bar avait donc réservé un bateau chez un armateur de Saint-Malo. Gabin en montant sur le bateau trouve que « ça sent la morue », que ça lui donne mal au cœur, il ne veut pas faire le film. Michel Audiard propose alors d’adapter un livre de Blondin, Un singe en hiver.
Le ministère de la santé a essayé d’interdire le film, y voyant une apologie de l’alcool et une publicité trop évidente de certaines marques sur les cendriers du bar.
Ce film, la rencontre à la croisée des chemins de deux grands buveurs fera passer Villerville à la postérité. Pourtant, le village ne se résume pas à ça. Ancien lavoir. Maisons de charme. La vue du Havre. Les plages où les moules étaient ramassées au XIXe siècle. La commune veut peut être passer à autre chose. En 2021, elle concoure à l’émission de Stéphane Bern, le village préféré des français.
Moi je vous laisse avec une envie de voir ce film. Avec une photo en souvenir. Et avec une certitude belle et bien là. Vive le cinéma.