Dominique, Laurent. Deux adoptés de la région Bretagne. Deux hôtes grignotés par cette culture locale. Ils nous ont conduits sur les chemins de la stupéfaction.
« Il vous faut aller sur l’île Renote, le tour se fait vite vous verrez. » Conseil de la bretonne d’adoption qui nous loge à Pleumeur-Bodou, Dominique. Nous y sommes allés. Des galets géants, roses, nous entourent. Le plus spectaculaire d’entre eux est posé en équilibre. Plus loin, on s’imagine un visage au nez pointu couché parmi les pierres.




Tout comme le sentier des Douaniers ultra-fréquenté, ultra-réputé, la presqu’île Renote fait partie de la côte de Granit Rose. Joyau de la Côte-d’Armor, ce site se trouvait il y a des millions d’années sous une montagne volcanique. Sommet qui s’est érodé au fil du temps. Laissant à nos yeux le plaisir de chaos dignes d’un décor de cinéma.
Les arbres abritent les mythes
Entre Pleumeur-Bodou et Morlaix, nous avons arpenté la forêt de Huelgoat. Ses chênes et pins, ses lieux légendaires. Le mystique est partout dans cette région. Les sorcières et fées aussi. Je vous glisse quelques légendes croisées sous la verdure*.

« Le Gouffre » – Il va falloir me suivre car l’histoire n’est pas simple. Dahut, fille du roi Gradlon, habitant Ys, venait dans son château surplombant le gouffre pour jeter par dessus bord ses amants. On entendait leurs cris résonner dans les profondeurs. Par la faute de Dahut, Ys fut ensevelie sous les eaux. Transformée en sirène, on raconte que la femme nageait jusqu’au gouffre pour chanter et couvrir les sanglots de ses hommes.

« La grotte d’Artus » – Artus n’est autre qu’Arthur, seigneur breton qui dormait dans cette grotte humide. Il n’en sortait que pour défendre sa patrie, malheur à celui qui le dérangeait pour un rien. Des démons sous forme de feux follets protègeraient un trésor trouvé par Arthur au Val sans Retour.

« La roche tremblante » – Ils rient, les trois jeunes randonneurs qui essaient de faire bouger la roche. Cette grosse pierre de 137 tonnes, rescapée de l’exploitation du granit, a un équilibre particulier. L’humain doit trouver l’angle parfait de son dos, faire bouger son bassin pour sentir la vibration de la tremblante qui se met à bouger légèrement. L’histoire dit que pour remercier les humains de ne pas avoir taillé la pierre, les êtres de la forêt l’ont laissé en équilibre.
La Bretagne grignote l’étranger
« Ah je vous attendais, dans cinq minutes nous prenons l’apéritif. » Le ton est donné par Laurent, le soir de notre arrivée. Sourire facile, grands yeux bleus, cheveux gris mi-longs. Quelque chose de Bowie dans le visage. Cet Ardennais d’origine, plus breton qu’autre chose, nous embarque ce dimanche pour une balade sur l’île Callot. « On part vers 11h30, à marée basse on peut traverser. »
La petite 206 avance jusqu’au bout de terre qui fait face au port de Carantec. Laurent connaît des passants. Et il a des anecdotes à revendre. L’île est douce, « la marée amène le beau temps ». Notre dernier stop et pas des moindre, se fera face au château du Taureau. Laurent qui a beaucoup voyagé ne peut s’empêcher de glisser : « J’ai vu la baie d’Along mais celle de Morlaix en Bretagne est au-dessus ». Il reconnaît que tout nouvel arrivant en Bretagne « finit par se faire grignoter par la culture locale ».



*Pour info, nous avons suivi le sentier découverte et la forêt mérite tout autant d’attention que les « attractions légendaires ».
Splendide, sublime, on rêve de découvrir ces beaux endroits ….
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