Nous avons découvert l’île de Ouessant, au large de Brest, sous un temps apocalyptique.
Pieds vieillis par la pluie. Bijoux de famille trempés. Nez qui coule. J’attrape une paire de chaussettes sèches, enfin installé dans notre auto. Pourtant les tumultes de la matinée ont laissé place à un beau soleil, nous faisant presque passer pour des fous. Mais celui-ci a bien du mal à réchauffer nos corps transis par le froid.
Après une heure de traversée nous revoilà sur la terre ferme. On ne distingue même plus l’île de Ouessant, depuis le port du Conquet. Difficile d’apprécier notre périple sur le bout de terre le plus à l’ouest de la France métropolitaine. « Finis terrae » nous a accueilli dans toute sa dureté.
La pluie n’a cessé que quand nous avons dû repartir par la mer. Le reste de la journée, nous nous sommes réfugiés tantôt sous un abribus, tantôt dans une église, nous avons finalement décidé de tenter une excursion dehors.
Le silence de la chèvre
Et même si nous avions souvent la tête baissée pour éviter les rafales de vent nous avons pu apercevoir les falaises de granite déchiquetées, les courants étranges dans les eaux, ou encore le panel de couleurs dû à la riche végétation de l’île.



Aux abord du phare du Créac’h, nous rebroussons chemin. Quelques moulins à vent, deux trois moutons et des chèvres sont les seuls dehors. Ces mêmes chèvres, en liberté, nous regardent d’un air hébété. Mon acolyte a plus peur que ces dernières. Le jugement sans doute altéré par la fatigue.
C’est comme si l’île était personnifiée. Elle ne nous veut pas de mal, malgré les épaves de bateaux qui jonchent ses abords, mais elle est là, robuste, ardue, bretonne.