Récit n°119 – Tous les chemins mènent à l’Apocalypse

Derrière nous l’océan. Nous longeons désormais la Loire, sur la route des châteaux. Et le périple démarre par Angers… Sa forteresse et son bijou tissé médiéval.

Propulsion au Moyen Âge. Une exposition éphémère consacrée à cette époque niche dans la chapelle du château d’Angers. Construite vers 1410, prison au 18e, bombardée en 39-45, on peut dire qu’elle en a vu. Je retiendrais deux choses de cette rétrospective :

  • L’ours était vénéré au début du Moyen Âge, considéré comme le roi des animaux. L’Église va s’acharner sur cette pauvre bête lui associant gloutonnerie et colère. Elle va aller jusqu’à encourager sa capture et son massacre. Les religieux lui préféreront le lion, dont l’éloge est faite dans la bible. Et c’est lui qui grimpera sur le trône de la cour animale.
  • Cette ère a vu naître les universités. Entre le V et XIe, l’enseignement est religieux. Étudiants et maîtres vont s’en affranchir et créer des corporations. Paris, Bologne et Oxford verront apparaître les premières universités. Après six ans d’études, les étudiants se spécialisent… Montpellier est réputée pour la médecine, Paris pour la théologie…

Avant l’Apocalypse

Julien me parle d’une fameuse tenture du Moyen Âge, que la forteresse que nous visitons abrite. À chaque étage je m’attends à la découvrir. Mais le plaisir dure. Pour me faire patienter, on me parle d’armes médiévales… Et bizarrement, c’est intéressant. Lisez donc.

  • Ça picote. Je découvre la chausse-trape. Quatre petites pointes en métal destinées à blesser les pieds des chevaux ou des hommes. Lancées par poignées, elles retombent toujours sur trois piques. Ces petites teignes étaient parfois chargées de poison.
  • Empiler les couches. Si le gratin des combattants possédait des armures sophistiquées, la plupart se contentaient d’empiler des couches de grosses étoffes pour protéger leur corps. Par chance certains enfilaient une chemise de maille qui les protégeait des coups d’épée, mais ne résistait pas aux flèches.
  • Drôles d’oiseaux. Voici trois casques, trois histoires. Il y a dans l’ordre, Bacinet à bec de passereau, Salade et Chapel de fer. Le premier, tout pointu, est conçu pour dévier les coups. Les Français le surnommait « tête de passereau », les Allemands « museau de chien » et les Anglais « tête de cochon ». Le second a un couvre nuque très développé, ainsi qu’un nom surprenant… Le dernier protège les épaules et la nuque grâce à ses rebords, il est adapté aux piétons.
  • Copier coller. Quelques vieux modèles de casques ont inspiré les pays lancés dans la Première Guerre mondiale. La protection de la tête avait disparu de l’apparat militaire. C’était sans compter sur les mitrailleuses et éclats d’obus qui ont fait des dégâts. Ce fut donc le grand retour du casque avec en France l’Adrian M 1915 inspiré de la « bourguignotte » du XVe.
Quelques casques portés pendant la Première Guerre mondiale. Un petit air de ressemblance avec les précédents. Inès Soto.

Face à l’Apocalypse

L’épée à double tranchant placée dans la bouche du Christ au glaive (scène de la tenture) évoque la parole divine qui sauve et qui juge. Les armes ont une signification sur la tapisserie commandée par le duc Louis Ier d’Anjou à Jean de Bruges, peintre de son frère le roi de France Charles V. Elle représente l’Apocalypse de Jean. Le tissage regorge de détails dans les costumes, les visages, le port des armes.

100 m de long. Au milieu de la forteresse d’Angers, un espace aux conditions exceptionnelles pour sa conservation. Une tapisserie dite « sans envers », tous les arrêts sont cachés à l’intérieur du travail, donnant un résultat parfait des deux côtés. La pénombre du couloir immense fait ressortir les couleurs dominantes : le jaune, le rouge et le bleu. Dont l’éclat a faibli avec le temps et la lumière.

Chef d’oeuvre médiéval, l’Apocalypse est populaire en son temps. Elle n’est exposée que lors de grands événements. L’histoire qu’elle raconte vient calmer les craintes d’une population éprouvée par la peste, la famine, la guerre de Cent ans. Sont représentés aussi bien les ennemis anglais que les proches de la couronne. L’Apocalypse n’est pas la fin du monde, en grec elle signifie en réalité « la révélation »…

@inessotopro

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