Les plages du débarquement de Normandie, la Pointe d’Hoc, les cimetières. Le printemps apporte à cette côte lourdement blessée par la guerre, une ambiance bucolique.
Les rangers grimpaient la falaise. Dès que l’un d’entre eux tombait, un autre prenait la suite. Ces détails sont inscrits sur des panneaux, le long du chemin qui nous conduit à la Pointe du Hoc. La falaise que nous tentons de gagner forme une pointe. Quand nous baissons notre regard vers la mer, nous observons une aiguille qui se détache. Le 6 juin 1944, en ces lieux si paisibles en début de printemps, une opération était menée par les alliés américains pour déloger les Allemands.
Si je ferme les yeux, les odeurs de crottins (probablement utilisés pour l’engrais) me font voyager à la campagne. Si je les ouvre, je retrouve le paysage lunaire de Verdun. Des crevasses tracées par les obus, aujourd’hui recouvertes de gazons et de fleurs. La pointe du Hoc fait partie de Cricqueville-en-Bessin. Une partie des terrains sont sous gestion américaine, en souvenir du sacrifice de l’unité de rangers sous le commandement du lieutenant-colonel James E. Rudder.


Comme une envie de faire un bouquet de fleurs
Visiter le cimetière américain qui domine la plage du débarquement d’Omaha Beach. Déambuler entre les restes de bunkers, les canons rouillés et les trous d’obus, pour atteindre une pointe où s’est joué un combat sanglant. Une balade qui pourrait être bien difficile si nous n’étions pas entourés de fleurs, de la mer bleutée. « On a dû mal à s’imaginer l’horreur dans ce cadre. » Julien a raison. Et pourtant, les plages de ce coin du Calvados n’ont en rien été paisibles lors de la Seconde Guerre mondiale.
Dominant la Manche sur la Pointe du Hoc fortifiée, les Allemands étaient lourdement armés. Leur présence menaçait le débarquement des alliés sur les plages voisines. Il est alors décidé de récupérer cette place forte et de mettre hors service leurs pièces d’artilleries. Après plusieurs jours où les bombes pleuvent sur les ennemis, les rangers escaladent la falaise. À l’aide d’échelles empruntées aux pompiers de Londres, de cordes, ils atteignent le sommet et réussissent à prendre le contrôle.


Des milliers de croix blanches à perte de vue, dans le cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Je m’imagine un visage à la place de chacune d’elles. John, William, Joseph, Mike. Les américains semblent tous porter les mêmes prénoms. Les pertes ont été lourdes lors du débarquement et des opérations telles que celle de la Pointe d’Hoc. Mais les fleurs du printemps, ces bouquets jaunes collés aux falaises, adoucissent ces terres de guerre. Et moi, ça me donne envie d’en faire un bouquet.