Derrière ce petit village qui m’a vu grandir, une histoire, un passif que je ne soupçonnais pas.
Avez-vous déjà eu l’impression d’habiter quelque part sans réellement connaître ce lieu, son histoire, d’où il vient ? Quand je me penche sur le passif de La Tranche-sur-Mer, ce sentiment m’envahit. Il est temps d’y remédier, un peu.
Abritée des courants marins par l’Ile de Ré, possédant de longues plages de sable fin et une jeune forêt de pins, la petite commune semble posséder tous les atouts pour surfer sur la mode du XXe siècle : les bains de mer.
Problème, le territoire communal tranchais composé du village mais aussi des hameaux de La Terrière, La Grière et La Faute, vit en quasi autarcie, sauf quand il s’agit d’exporter les productions maraichères par le port de l’Aiguillon.

En effet, une publicité éditée pour les bains de mer Tranchais met en exergue les difficultés d’accès de l’époque, à ce petit paradis. Pendant la saison des bains, M. Gallot, cafetier, proposait deux départs par semaine, les jeudis et dimanches. Avec un départ de Luçon à 5 h du matin et une arrivée à La Tranche à 5 h du soir. Soit un trajet de 12 h pour une trentaine de kilomètres. Il fallait en effet prendre un petit train, un bateau, puis un fiacre.



Mais alors pourquoi un accès aussi difficile ? En 1900, La Tranche était reliée à l’arrière-pays par trois accès, tous aventureux :
- Côté Est, via Angles. Une voie dans les marais, inondée plusieurs mois de l’année, cheminant au sommet de digues argileuses glissantes ou impraticables.
- Côté Nord, via Longeville. Un chemin dunaire dont l’empierrement était retardé par le refus des propriétaires de déplacer leurs limites parcellaires.
- Côté Sud, par l’Aiguillon. La voie maritime restera, jusqu’en 1911 (date d’ouverture du premier pont), la seule voie d’accès régulière.
Au fil du temps et des avancées technologiques, le petit paradis n’échappe plus au tourisme de masse. Un pont en béton d’une largeur de 2m40 est construit. L’empierrement du chemin dunaire ainsi qu’une route sont créés en 1924. Il y aura même une voie de tramway Luçon-Talmont en 1930. Aujourd’hui 120 000 personnes viennent à La Tranche-sur-Mer chaque été. L’autarcie, c’est fini.