Courbin Héritage : des vins aux arômes du terroir bordelais

Du blanc au rouge, le vin produit sur les terres des Courbin se veut ancré dans un terroir de caractère, soumis à des transformations climatiques profondes.

Des vignes sur une terre doucement vallonée, au loin un château. Budos donne à la famille Courbin un cadre de travail formidable. « J’adore être sur mon tracteur, dans mes vignes, à la nuit tombante quand tout le monde est rentré chez soi », confie le gérant Franck Courbin, qui a choisi le métier de son père, viticulteur. « En troisième je me suis orienté vers le lycée agricole, je n’ai pas tergiversé longtemps. »

Eliot le chien témoigne de son affection, il gesticule aux pieds de Franck dans la cuisine familiale. « Notre domaine s’appelait autrefois Cru de l’Hermitage, nous avons été obligé de changer. » Question d’appellation… Pour autant le viticulteur a tenu à conserver l’âme familiale du lieu, il l’a même accentué avec le nouveau gentilé « Courbin Héritage ».

Chaque génération apporte sa touche. Dans le temps, en Gironde, la polyculture était courante. « Un peu de vignes, un peu de céréales, quelques poules. Mon grand-père faisait la tournée pour le ramassage du lait. Mon père est celui qui a centré l’activité autour du vin, il a lancé la bouteille en 1972. » L’entreprise a pris de l’ampleur, a fidélisé une clientèle faite de particuliers, restaurateurs et cavistes. « Pas la grande surface, c’est notre choix », défendent avec ferveur les fils Courbin, Franck et Stéphane.

Une vigne tourmentée

Des sols assez différents forment la mosaïque bordelaise. « On retrouve un milieu sableux, argileux ou argilo-calcaire. Ce ne sont pas des terres fortes, ni trop sèches. La vigne se plaît assez. » Budos est en bordure de bois et de rivière, à basse altitude, « donc ça gèle beaucoup ». Surtout ces dernières années où il est difficile pour le domaine d’atteindre sa production idéale : 800 hectos.

La raison l’emporte

« Mon père faisait déjà de la culture raisonnée », soutient Franck Courbin, qui est engagé dans une démarche Haute valeur environnementale (HVE) depuis deux ans. « On a forcé le trait car des captages d’eau potable se trouvent sur Budos », explique-t-il. Ce qui fait que la commune est en périmètre de protection vis à vis de la ressource.

Ainsi l’agriculteur ne désherbe plus chimiquement ses sols, sélectionne des traitements le plus bio possible. Il invoque tout de même un climat plus difficile ces dernières années, auquel il faut répondre « avec cohérence ». Pour lui, « le raisonné serait la meilleure alternative. »

Le viticulteur passionné, qui ne dort pas beaucoup mais ne changerait de métier pour rien au monde, constate que les saisons raccourcissent. « Tout est hyper condensé, la vigne pousse beaucoup plus vite. Il y a plus de vingt ans cela n’était pas le cas. » Évolution du climat, complexification du métier.

La dernière génération baptise les cuvées

Neuf hectares de blanc, huit de rouge. Les cépages de Franck et son frère Stéphane, qui a rejoint la structure après lui, sont typiques du Bordelais : en blanc Sémillon, Sauvignon et Muscadelle, en rouge Merlot, Cabernet Franc et Sauvignon. La visite des vieilles bâtisses permet la présentation des vins, « dans les graves il y a le blanc sec et le moelleux, ainsi que le rouge. S’ajoutent le Sauternes, un blanc moelleux, et le rosé, un Bordeaux clairet ».

Silence, ça décante

La fabrication détaillée par Franck. « Chaque soir de vendange on refroidit le jus de la journée pour une première décantation. Je mets une levure différente pour chaque cuve, je pense avoir trouvé celles qui réveillent mieux l’acidulé, le gras. Sur les cinq, trois cuves vont rester d’une année sur l’autre, et deux serviront à l’expérimentation. Ensuite on fait un élevage sur lies*, je garde tous les dépôts dans la cuve. Mon frère ajoute un peu de gaz carbonique en bas de cuve tous les deux jours. On fait ça jusqu’à février pour apporter du gras, du volume, une plus jolie présence aromatique. Et à la fin le but c’est quand même de tout assembler. Plus c’est diversifié mieux c’est. »

La cuvée Lucie, un blanc sec vinifiée en barrique, est la première à faire son arrivée en 2016. Du nom de la petite dernière de Stéphane. « Depuis un moment j’avais cette idée de donner le nom des enfants, et pour un blanc je trouvais ce prénom très beau », explique Franck. Suivront le rouge au prénom de son fils Adrien, le sauternes Corentin, le graves supérieur Mathis.

Plus que des vins donc, des personnalités. Adrien est optimum à 5-6 ans de garde. Lucie, structurée par les tanins du bois, vieillie à merveille. Mathis est fruité si on le boit rapidement… Il n’y a plus qu’à tendre le verre !

*Élevage sur lies : technique qui consiste à élever un vin sans le séparer de ses dépôts dans le but d’augmenter sa rondeur et ses arômes.

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